Denrées et substances pendant la 1ère Guerre Mondiale

Christian BALLAND




L’agriculture au secours du pays 1914-1916


Depuis la période de mobilisation générale, du 2 au 18 août 1914, la population connaîtra les mots tragiques de « réquisition » et « restriction », encore employés trois années après la fin du conflit.
La Haute-Garonne est au nombre des départements sur lesquels la nation comptait pour contribuer au ravitaillement de l’armée et de la population civile. A cet effet, la préfecture faisait-elle régulièrement une large publicité aux semailles du blé par l’intermédiaire du «Bulletin des communes».

La récolte de 1914 est médiocre et les semences sélectionnées atteignent des prix trop élevés pour encourager l’exploitant. Pour palier la situation, des échantillons des blés de qualité sont envoyés aux agents commerciaux du « Syndicat Central des Agriculteurs » et du « Syndicat Toulousain des Agriculteurs du Sud-Ouest », les deux grandes fédérations des syndicats de la région, une solution pour un maximum d’ensemencements des terres en blé. Le prix moyen de la semence en 1915 est de 45,00 fr le quintal, d’où l’abandon des variétés telles que Bon Fermier, Rouge inversable, Japhet, Besplas et Rieti, au profit de variétés locales communément cultivées. Les terres fertiles sont plus favorables aux blés sans barbe dit Bladettes, tels que Blé rouge de Bordeaux, Blé bleu de Noé (dit Blé bleu de l’Île de Noé), ou Blé bleu de Puylaurens. Inversement, les terres médiocres ou mal préparées se prêtent aux blés à barbe: Roumélie, Abondance ou Roussillon. Du Blé rouge de Bordeaux, on connait la réputation de résistance aux averses, due à sa bonne tenue et une haute taille de paille, et du blé Bleu de Noé celle de son accommodation aux semis d’octobre à avril.

Les grains passés au trieur sont vitriolés, conformément à l’usage, la semence enterrée à la charrue et dans certaines exploitations, au semoir mécanique. Les circonstances se prêtent mal aux conseils d’emploi d’engrais du commerce, mais davantage à celui des gadoues et résidus de l’industrie des entrepreneurs de vidanges.

Chargée de la gestion des blés, la Chambre de Commerce honorait les commandes de juin 1915 aux prix de 33,50 fr le quintal de blé non logé et celui de la farine au prix de 55,50 fr les 122 kg, logée. Les livraisons se faisaient en gare Matabiau de Toulouse ou dans les gares départementales. Les Magasins Généraux servaient d’intermédiaire entre les boulangers et les minotiers. La toile était reprise 50 centimes et le paiement, d’ordinaire comptant, pouvait se faire par traites.


A défaut de main d’oeuvre locale, les départements du Sud, tels que l’Aude, les Pyrénées-Orientales et le Gard ont recours à la main d’oeuvre espagnole, spécialisée dans le travail de la vigne et dont les conditions de locations étaient réglementées :

Familles louées pour six mois jusqu’au 1er novembre 1915

  • Pour le chef de famille, chargé ou non de soigner les animaux de la ferme, mais restant en cas de besoin à la disposition du patron de l’exploitation, même les jours fériés: 720 fr l’an payable par douzièmes, le logement et un jardin en plus

  • Pour les autres hommes de la famille, 600 fr l’an payables par douzièmes.

  • Les femmes et les enfants en âge de faire le travail d’une femme étaient pris à la journée du pays soit de 1 à 2 fr selon et la nature des travaux

  • Domestiques logé et nourris par les propriétaires: 400 fr l’an payables par douzièmes

Dans la région toulousaine, les émigrés venus des provinces voisines de l’Autriche (Venise, Udine) ont joué un rôle capital dans la culture du blé et du maïs et, d’après Jean ODOL, ces travailleurs italiens qu’il qualifie « d’acharnés, sobres et économes… ont sauvé l’agriculture du Lauragais ».

Le rationnement du pain est prévu dès 1915 et bientôt, l’instauration des tickets de rationnement dans la zone occupée s’étend inévitablement à l’ensemble du pays, victime en 1916 d’une mauvaise récolte. Le pain, base de l’alimentation, et la farine feront dans les deux années à venir et jusqu’en 1919, l’objet de mesures rigoureuses. Avec la pénurie apparaît le pain noir, fait à partir de farine de seigle ou de sarrasin, et l’interdiction de faire de la pâtisserie. Le marché noir se développe.

Dans le village, un Comité Communal d’Action Agricole est créé le 19 mars 1916, chargé de protéger les intérêts des agriculteurs, ce qu’il n’a jamais manqué de faire en toute occasion et dont les demandes d’indemnités, en cas d’ouragan par exemple, appuyées par un expert, réclame pour chaque sinistré l’attribution d’une somme payable chez le percepteur. Sous la présidence du maire Joseph VIALLET, cinq membres: Casimir BASTIÉ, Antoine DERS, Charles LAPEYRE, Léonce SUBRA et Louis VIALLET, organisent d’une façon générale le travail. Par l’intermédiaire du Syndicat Agricole de Villefranche, les exploitants profitent de la mise à disposition de tracteurs pour palier le manque de main d’oeuvre à des prix forfaitaires de 60 fr l’hectare pour un labourage de trois socs, de 12 à 15 cm de profondeur et de 75 fr pour un labourage de 2 socs jusqu’à 22 cm de profondeur. S’ajoute le salaire des mécaniciens, à la charge de l’entreprise.

Au mois d’août le département est imposé d’un contingent de fourrage de 470.000 quintaux, ramenés à 350.000 grâce à l’intervention du préfet Lucien SAINT. Malgré les efforts des maires et des présidents de Commission, l’armée n’en reçoit que 280.000 quintaux.



1917 Restrictions générales


Blé, farine, pain, pâtes: Les céréales et leur commerce sont placés sous l’autorité du Ministère du Ravitaillement. Le décret du 31 juillet, mis en vigueur le premier septembre, prévoit de nouvelles mesure pour éviter les opérations de spéculation et la répartition anarchique des céréales avec la création d’un Office Central des Céréales, d’un Comité central de la meunerie, d’un Office départemental et d’agents répartiteurs;

L’Office central des céréales, composé d’agents de l’état et de négociants en grain, contrôle le achats, les répartit et les transporte sur tout le territoire à destination de la population tant militaire que civile.

Le Comité central de la meunerie et de la boulangerie est composé de représentants de l’administration, de la meunerie, de la boulangerie et d’organisations ouvrières. Il veille à l’approvisionnement des moulins et des boulangeries et contrôle la mouture des céréales panifiables. Créé sous l’impulsion des deux précédents, l’Office départemental des céréales est placé sous la présidence du préfet ou de son délégué. Le Ministre du Ravitaillement nomme les négociants et courtiers en grains qui le composent sur la proposition du Comité central de la meunerie. Deux autres membres issus du Conseil Général sont nommés par la Commission départementale. Un officier de l’Intendance nommé par le Ministre et un médecin hygiéniste, un boulanger et un représentant d’une société coopérative du département nommés par le Préfet le complètent.

Seuls, désormais, les négociants en grain français ou appartenant à une nation alliée pourront acheter leurs céréales en culture ou par l’intermédiaire de leurs courtiers. Ils notifient l’opération en transmettant le carnet de récolte des cultivateurs à l’agent répartiteur départemental et s’engagent à ne pas dépasser les prix fixés par le décret du 31 juillet courant. Sur l’allocation perçue de 1,50 fr / quintal, les acheteurs lui reversent 0,20 fr / quintal de rémunération. Pour des ventes supérieures à 10 quintaux de céréales autres que le blé, une majoration d’1% est accordée aux commerçants de gros et demi-gros sur leur prix de revient total, y compris frais de transport et d’octroi. Un propriétaire qui choisit de faire transporter sa récolte par voie ferrée, s’acquitte de la même rémunération de 0,20 fr / quintal, comme un commerçant ou un négociant.

Les semences de céréales sont fournies aux agriculteurs par l’Office départemental des céréales, sous réserves pour ceux-ci de restituer une quantité de grains égale à celle délivrée ou d’en payer la valeur égale en cas de blé non récolté dans l’année. L’agent répartiteur est chargé de s’assurer avant toute expédition, qu’il s’agit bien de graines ou tubercules de semences, à fin de délivrer le permis de transport. Il s’appuie pour cela sur l’attestation du maire, garant de la culture et de la sélection en vue de cette utilisation. Le document accompagne la marchandise, garantie à tout moment contre toute réquisition.

Si la ville de Toulouse accepte avec résignation le pain fabriqué avec des farines à 85 % et mélangées de farine de maïs donnant au pain une couleur foncée, il n’en est pas de même dans les campagnes où les boulangers et meuniers sont plus proches de leurs clients et peuvent subir des pressions. Le goût de saveur égale à un pain de froment pur ne satisfait pas la population rurale. Malgré la situation générale critique en blé du département, certains veulent du pain blanc à tel point qu’ils se font livrer des farines, les reblutent pour en extraire les parties basses et donnent au boulanger un produit tamisé plus à leur goût. Les meuniers et boulangers, soucieux de garder leur clientèle, cèdent à ces pratiques sujettes à une concurrence déloyale condamnable et contrôlées par l’autorité militaire. Outre les sanctions pénales, les minotiers se voient menacés du retrait des ouvriers mis à leur disposition par cette même autorité militaire. En ce mois de juin, le stock est insignifiant et les vérifications à domicile font état de petites quantités disponibles éparses qui, par leur réunion, permettrait d’atteindre la fin du mois avec l’arrivée des blés nouveaux.
Le mois suivant est envisagée la réquisition de 996000 quintaux:

  • Toulouse → 300000 q
  • Muret → 300000 q
  • Villefranche de Lauragais → 270000 q
  • Saint Gaudens → 126000 q

Les blés existants est nécessaires aux besoins (83000 quintaux/mois) du 1er août 1917 au 1er juillet 1918. Vingt centres de réceptions sont chargés de la répartition entre les 589 communes.

Pour palier la pénurie de pain, les tickets de rationnements et les cartes d’alimentation apparaissent dans certaines parties de la zone occupée en décembre 1914. En août 1916 dans le Bas-Rhin, les tickets remplacent la carte de pain. Les restrictions sont instaurées en novembre 1917 et concernent denrées et substances diverses. Les tickets de pain apparaîtront en avril 1918 répartissant la population en six catégories:
E: Enfants → moins de trois ans | J: Jeunes → 3 à 13 ans | A: Adultes → 13 à 60ans
T: Travailleurs de force → 21 à 70 ans |C: Cultivateurs → de 11 à X | V: Vieillards → plus de 60 ans

Pour suivre l’évolution des prix de la farine de froment dans le département, il faut remonter au mois de mai où le quintal non logée en toile facturée et reprise au même prix affiche 45,25 francs et la balle de 122 kilos 55,20 francs. Dans le mêmes conditions, non logée en toile facturée et reprise au même prix, la farine de maïs coûte 63,75 francs le quintal ou 77,77 francs la balle de 122 kilos. Les 100 kilos nets de farine mélangée (80 % froment, 20 % maïs) sont fixés à 48,95 francs non logés en toile facturée et reprise au même prix et 59,72 francs la balle de 122 kilos. Ces prix ne sont applicables que sur la farine prise en gare de départ ou en boulangerie de la localité où se trouve le moulin. Dans le cas où le moulin est hors de la localité du boulanger, une indemnité de 0,50 par quintal est applicable. Le prix du quintal de la farine de froment est alors porté à 45,75 francs et à 55,81 francs la balle de 122 kilos. La farine de maïs passe à 64,25 francs le quintal et à 78,38 francs la balle de 122 kilos. Les 100 kilos de farine mélangée sont fixés à 49,45 francs et la balle de 122 kilos à 60,33 francs.

A partir du 10 mai, la fabrication du pain exclusivement à partir de la farine de froment (blé tendre) doit comprendre 85% de blé mis en mouture mélangé à 20 % de farine de maïs ou de 15 % d’orge. Il est fait interdiction d’utiliser ces farines pures ou en mélange ou mélangées à d’autres produits pour la fabrication de la pâtisserie. Seuls les boulangers ont le droit de vendre les farines de froment, sarrasin, maïs, orge et seigle dans des quantités qui ne peuvent être supérieure à 125 grammes. Le pain n’est mis en vente que 12 heures après sa fabrication en vertu de l’interdiction de vendre du pain frais et de lui faire subir une quelconque conservation destinée à l’y maintenir. Les formes de pain autorisés varient suivant les usages locaux et pèsent 5 kg, 4 kg, 2,500 kg, 2 kg et 1,250 kg. Pour les pains de moins d’un kilo, seuls les pains dit boulot et la flûte grise sont autorisés. Pas de fabrication ni de vente de pain dit fantaisie ou de luxe, de petits pains, brioches, croissants, biscottes fraîches. Tout cela pour interdire les farines additionnées de lait, lactose, sucre ou beurre.

Le pain boulot, suivant les tarifs en vigueur, est fixé à Toulouse à 0,44 francs. Au dessus d’un kilo, le pain est vendu 0,50 fr les 800 grammes (ou le kilo suivant les arrêtés). Dans les communes de Haute-Garonne, le prix est élevé, sauf disposition contraire du maire, de 0,02 franc. Le maire peut, selon les circonstances locales, décider d’un prix de vente inférieur.

La tolérance du pain frais au pain rassis, fixé à 4% donne lieu aux barèmes de:
5 kg = 4,800 kg
4 kg = 3,840 kg
2,500 kg = 2,400 kg
2,00 kg = 1,920 kg
1,250 = 1,200 kg

Par l’arrêté préfectoral du 10 août le prix plafond de l’hectolitre de céréales récoltées dans notre département et calqué sur celui du territoire national, est fixé pour le blé à 50 francs (77 kg/hl) et à 42 francs uniformément pour l’orge (60 kg/hl) y compris l’escourgeon, le maïs, le seigle, le sarrasin et l’avoine. Seules les céréales ayant fait une déclarations de récoltes peuvent être vendues au tarif en vigueur. Les quantités non-déclarées seront réquisitionnées à qualités égales, avec une réduction de 7,00 francs sur les prix qui précèdent. La taxation du blé livré au moulin est de 30,00 fr le quintal. La quantité de blé livrée par le cultivateur au meunier est restituée en quantité équivalente de son dans un délai autorisé allant jusqu’à quinze jours.

Quelques jours après (12 août), le prix de la farine de froment est fixé à 61,30 francs le quintal non logé en toile facturée et reprise au même prix, ou à 74,78 francs la balle de 122 kilos. La farine de maïs est fixée à 58,00 francs le quintal ou vendu en balle de 122 kilos à 70,76 francs. Dans les localités privées de moulin, une indemnité de 50 centimes par quintal est accordé aux boulangeries, ce qui porte, dans ce cas, le prix de la farine de froment à 61,80 francs le quintal et à 75,40 francs la balle de 122 kg et la farine de maïs à 58,50 fr le quintal ou à 71,37 la balle de 122 kg.

Un convertisseur de 2010 donne au franc la valeur suivante en fonction des années:
1914 → 1Fr = 3,17 € | 1915 → 1Fr = 2,64 € | 1916 → 1Fr = 2,38 €
1917 → 1Fr = 1,98 € | 1918 → 1Fr = 1,58 € | 1919 → 1Fr = 1,25 €.

Spéculation et marché noir sont maintenant bien rodés. Certains agriculteurs, parmi les plus riches, stockent le blé dans leurs greniers pour les vendre au plus haut le plus tard possible. Les mesures prises par le Ministre du Ravitaillement en séance du 29 septembre, contraint les détenteurs de blé à livrer à la consommation l’intégralité de leur récolte de l’année en maintenant avec fermeté les prix d’août. Un stock jusqu’à 300 kg maximum par an et par personne vivant dans leur foyer est autorisé. Au cours de la même séance, le carnet de pain est supprimé dans toutes les communes de moins de 5000 habitants, le Ministre estimant «…qu’il n’est pas possible de soumettre les populations rurales à un rationnement de pain, parce que leur consommation est trop considérable par rapport à la moyenne. » Rappelons qu’en juillet, 996000 quintaux de blé avaient été réquisitionnés pour les seuls besoins de la Haute-Garonne.

Résultat du mélange de farines diverses, les pâtes alimentaires voient leur prix maximum fixé auprès des détaillants:

Conditionement des pâtes alimentaires Prix en Franc au Kg Prix du paquet
100Kg 167 francs 100 kilos
500 gr 200 francs 1,00 franc
250 gr et moins 200 francs 0,50 franc

Il est également interdit de fabriquer des pâtes aux oeufs et même d’acheter celles-ci chez le détaillant .

Jusqu’au 15 octobre, les stocks de pâtes alimentaires sont autorisés à la vente à des prix supérieurs sous condition de déclaration. Toutefois, la fabrication des pâtes aux oeufs demeure interdite, même chez les détaillants à partir du 1er novembre. Les maires, Sous-préfets,Agents du Service de la Répression des fraudes et tous agents de la force publique, veillent au respect de ces directives.

On comprend dans ce climat, la nécessité de protéger les récoltes et d’autoriser les propriétaires, fermiers et métayers à détruire au fusil tous les animaux nuisibles dans un rayon de cent-cinquante mètres autour de l’exploitation et ce, sans permis de chasse.

Les blés de l’année sont attribués à la minoterie toulousaine LERMITERIE qui, vertu du décret du 30 novembre les minotiers sont tenus d’acheter en culture et non aux négociants.

Entraide agricole. L’importance des travaux agricoles nécessite des mesures particulières. L’agent Voyer en Chef se voit proposer de mettre les cantonniers des routes départementales et chemins vicinaux à la disposition des agriculteurs et le Syndicat Départemental d’Encouragement à la Motoculture propose à la petite et moyenne culture (propriétaires, fermiers, métayers) le labourage des terres à forfait. Le formulaire à remplir par les intéressés précise que les pentes des parcelles ne doivent pas dépasser 6%. Les chevaux de l’armée sont mis à leur disposition. Cette mesure, s’étendra aux commerçants, industriels et particuliers pour une durée de six mois avec possibilité de prorogation.

Une aide précieuse provient des mobilisés du service armé (classes 1888, 89, 90, 91) et du service auxiliaire (classe1895). Lors de leur arrivée dans leur commune, ils doivent se présenter à la mairie (suivi d’une présentation à la brigade gendarmerie du lieu dont ils relèvent) où ils déclinent leurs noms, prénoms, classes, corps de provenance et la catégorie les concernant. Inscrits sur un carnet spécial, ils figurent ensuite sur une liste affichée de façon permanente à la porte de la mairie.

La catégorie A regroupe les pères de cinq enfants, les veufs pères de quatre enfants. Il leur était accordé un retour à la terre, qu’ils soient propriétaires, fermiers ou métayers. La catégorie B remplissait les mêmes conditions, mais concernait les ouvriers agricoles. Les hommes des deux catégories devaient porter un brassard bleu horizon en permanence et sur lequel figuraient leur corps et leur grade, sauf dans des conditions de travail nécessitant d’ôter leur veston, vareuse ou blouse.

Entièrement consacré à la culture des terres et à leurs travaux personnels, les hommes de la catégorie A étaient à la disposition du maire qui les affectait aux demandeurs et décidait du nombre de jours d’affectation.

Les demandes adressées à la mairie étaient satisfaites selon un ordre de priorité:

  • Veuves des mobilisés dans la zone des armées et à l’intérieur
  • Ascendants dont les fils sont morts pour la France, prisonniers ou disparus
  • Femmes de mobilisés dans la zone des armées et à l’intérieur
  • Mutilés de guerre, femme de blessés et blessés en convalescence, veuves et vieillards
  • Exploitants ayant des fils ou gendres mobilisés
  • Les hommes de la catégorie B dépendaient de la Commission Départementale de la main d’oeuvre agricole.

Le paiement de l’indemnité d’un mobilisé des deux catégories placé chez autrui était fixé à 2 francs par jour nourri logé et à 3 francs non nourri. L’année 1918 verra un relèvement des salaires minimum dus par les employeurs pour une journée de 9 heures au moins de travail: 2,50 fr pour les hommes nourris, 5 francs pour les hommes non nourris, 3,50 à 4 francs pour les hommes nourris mais recevant du vin.

Avec les battages ils sont mis au service du secteur céréalier, essentiel du ravitaillement de l’armée et de la population civile à fournir d’urgence. Un service de batteuses fonctionne incessamment dans la commune pour ses opérations dont la clôture est prévue le 20 octobre. Inscrits sur un « carnet de battage » à souche tenu par les entrepreneurs, les volants étaient simultanément reportés sur un carnet tenu par le maire dès leur arrivée.

Il était accordé une permission prioritaire aux militaires exerçant une profession agricole aux périodes de grands travaux des champs. Les anciens employeurs ou parents fournissaient un certificat certifié par le maire qui les transmettait aux intéressés pour être remis aux chefs de corps.

Sucre. En février, au plan national, l’obtention du sucre est subordonnée à la délivrance d’un carnet d’approvisionnement (Ci-contre carnet de sucre du département de la Gironde valable de septembre 1917 à août 1918). Chefs de famille, négociants ou industriels doivent en faire la demande à la mairie. Les carnets, généralement un par famille, sont en Haute-Garonne délivrés pour deux, trois ou quatre personnes. Pour ceux qui prennent leur repas hors du foyer, des carnets spéciaux prévoient des consommations mensuelles réduites à 500 grammes pour un repas et à 250 grammes pour deux repas. Dans le cas d’une famille de six personnes dont une seule prend ses repas à l’extérieur, il est remis un carnet collectif de quatre personnes, un carnet de 750 grammes pour la cinquième vivant au foyer et un carnet de 250 grammes pour le membre prenant son repas au dehors. L’unité de période des tickets de sucre est très mouvante selon les besoins du rationnement entraînant un durcissement des restrictions. Les tickets des familles En octobre la consommation familiale voit le ticket de 250 grammes par personne pour 10 jours couvrir une quinzaine. La catégorie prenant les repas à l’extérieur et dont en février l’unité de période du ticket de 250 grammes était de 15 jours la voit repoussée à 23 puis en octobre de 30 à 46 jours. Le ticket de 250 grammes à partir du 1er octobre pour cette catégorie s’achève le 15 et le suivant couvre la période du 16 novembre au 31 décembre.

Les carnets pour l’approvisionnement des industriels et commerçants, sont soumis à des régimes spéciaux. Jusqu’au seuil de 45 kg par mois demandés, les feuilles, remplies à l’identique des chefs de familles, comportent en plus le nom du fournisseur. Au delà, classés dans la deuxième catégorie, les demandeurs sont approvisionnés par l’intermédiaire du Comité départemental de répartition.

De l’une ou de l’autre des catégories, il appartient au Maire de transmettre les déclarations à la Préfecture et les documents relatifs aux enfants de moins de trois ans (bulletin de naissance) et aux malades (certificat médical), bénéficiaires d’une ration supplémentaire de 250 grammes par mois.

En vue de la préparation des confitures pour la consommation personnelle, une première distribution de sucre supplémentaire de 500 gr est accordée au mois de juin à chaque ménage. La priorité dans la répartition est donnée aux familles ayant des enfants. Au début du mois d’octobre, l’épicier du village, monsieur DUBAC, est autorisé par la Préfecture à se faire délivrer par les Magasins Généraux 25 quintaux maximum de sucre, non pour cause de manque, mais en cas de besoin. Pour se voir attribué le droit de recevoir cette denrée, le demandeur devait justifier d’un « Carnet de sucre » délivré par la mairie après avoir rempli une déclaration de consommation familiale qui incluait les membres de la famille, les employés et les domestiques vivant sous le même toit. N’y figuraient pas les mobilisés, les absents et les prisonniers de guerre. Des dispositions ultérieures fixeront les conditions d’envoi pour ces derniers à leur adresse de captivité. Il était prévu des rations supplémentaires pour malades (Certificat médical à l’appui) et les enfants de moins de trois ans (Bulletin de naissance à fournir). Dans le cas de maladie chronique, le bénéficiaire des rations supplémentaires se verra délivrer un certificat médical d’une durée de trois mois renouvellable de trois mois en trois mois. Pour éviter des frais, une mention portée sur le certificat initial évite une nouvelle visite de renouvellement. La mairie en prend acte en vue de justifications administratives.

Conjointement intervient une diminution des rations, obligeant les détenteurs de carnets à les ramener avant la mise en place des nouvelles sévères mesures applicables du 1er octobre au 31 décembre. La préfecture informe les maires du département qu’ »Il importe, au plus haut point, que les consommateurs ne puissent recevoir sous aucun prétexte leur part de sucre avant le commencement de la période à laquelle se rapporte le ticket présenté. En d’autres termes, il est formellement interdit aux épiciers et détaillants de consentir sous aucun prétexte à leur clientèle, à titre d’avance, la moindre cession de sucre. » Tout contrevenant s’exposait à être déféré devant l’autorité juiciaire compétente et exclu pour un délai qui ne pourrait être inférieur à trois mois de tout réapprovisionnement en sucre. En décembre nouvelle diminution de la ration mensuelle, annulant les dispositions d’octobre, ramenée à 500 gr par personne et par mois.

Un carnet de sucre était en mairie à la disposition des familles en faveur des prisonniers de guerre.

Taxation des prix à partir de juillet dans le département:

Type de sucre Prix en Franc/Kg Gros Prix en Franc/Kg Détail Prix en Franc/Kg Consommation industrielle
Sucre raffiné en boîtes, caisses, paquets, semoules diverses, déchets, gros et petits morceaux, pains 1,75 fr 1,80 fr
Sucre cristallisé ou granulé blanc de toutes origines destiné à la consommation familiale 1,55 fr 1,65 fr 1,63 fr
Sucre roux destiné à la consommation familiale 1,48 fr 1,60 fr 1,58 fr
Sucre vergeoise (sirop de betterave après affinage) destiné à la consommation familiale 1,45 fr 1,55 fr 1,54 fr

L’emploi du sucre utilisé pour les vins de la première cuvée est autorisée dans la proportion de 10 kg maximum pour 3 hectolitres de vendange. Pour les vins de la deuxième cuvée, une quantité de 20 kg maximum de sucre est autorisé par membre de la famille ou domestique. La même quantité ne doit pas être dépassée par hectolitre de vendange et ne peut excéder 200 kg pour l’ensemble de l’exploitation.

Saccharine: Vendue en pharmacie, elle est vendue simultanément à la ration de sucre au prix de 0,35 centimes le gramme en juillet. Un gramme de saccharine en tablette vaut, d’après le Bulletin des communes n° 425, 400 grammes de sucre. Un gramme doit être dilué dans 100 gr d’eau.

Pommes de terre, haricots:Deux légumes essentiels à la base de l’alimentation des français, ruraux ou citadins, la pomme de terre et le haricot en grain sont soumis à une nouvelle taxation (de la récolte 1916, jusqu’à la récolte 1917) en octobre, annulant les dispositions de septembre. A partir de cette date, le prix des haricots est fixé en fonction des trois catégories à 180 francs, 160 francs (Qualité extra Lingots chevriers ou variétés similaires) et 140 francs (Haricots blancs petits ou variétés similaires) le quintal. La rémunération des intermédiaires est fixée à 3% du prix d’achat de la culture en région productrice au commerce de gros en région consommatrice. Pour la vente du grossiste au commerce de détail, 3% sont accordés pour les ventes de 5000 kilos et au dessus et 5% pour les ventes inférieures à 5000 kilos. Pour les ventes au détail, 15 % des prix payés par les détaillants sont de pratique autorisée pour le ravitaillement civil par le ministère concerné. Ces prix concernent les haricots récoltés tant sur le territoire que dans les colonies ou de provenance étrangère. Il est néanmoins conseillé de prendre acte de l’avis du préfet qui émet le voeu de ne pas voir dépasser le prix de 2,25 francs le kilo des haricots de la catégorie supérieure. Mais en fin d’année la première catégorie sera fixée à 2,30 fr/kg (2,25 sur des arrêtés intermédiaires), la seconde à 2,05 fr/kg et la troisième à 1,80 fr/kg, ces prix tenant compte des frais de transport et s’applicant aux haricots récoltés antérieurement à 1917 sur notre territoire ou provenant de l’étranger.

En novembre, un arrêté du Ministère du Ravitaillement Général classe la pomme de terre en cinq catégories de prix: 27 francs (Catégorie supérieure: Types de Hollande à chair jaune), 22 francs (1ère catégorie: Saucisse rouge, Royale Kidney, Géante Fluk, Ronde jaune), 20 francs (2ème catégorie: Early rose, Magnum bonum, Fin de siècle) 18 francs (3ème catégorie) et 16 francs (4ème catégorie) les 100 kg, le prix de vente de la catégorie supérieure ne doit pas excéder 0,40 le kg chez le détaillant. La rémunération par quintal est ramenée à 3 fr pour le grossiste et à 6 fr pour les détaillants pour les pommes de terre. Une prime de conservation de 0,50 fr/quintal et par mois sera accordée à partir du 1er janvier 1918. Le seuil de vente au kilo fixé en décembre chez le détaillant est de 0,40 fr la catégorie supérieure, 0,35 fr la première catégorie, 0,33 fr la seconde, 0,31 fr la troisième et 0,29 fr la quatrième.

La circulation de ces denrées par voie ferrée ou par voie navigable et par quantités supérieures à 300 kilos pour les pommes de terre et à 50 kilos pour les haricots était rigoureusement contrôlé. Le maire délivrait un certificat, joint à la feuille d’expédition, attestant de la vente au cours en vigueur. Le contrevenant spéculateur était poursuivi en vertu de la loi du 20 avril 1916 pour avoir fixé son prix de revient « …comme s’il avait acheté à des prix supérieurs à ceux du cours. » Toute expédition non accompagnée du certificat du maire entraînait la réquisition de la marchandise au prix fixé par le ministre.

Jute et coton:Autres marchandises soumises à déclaration, les tissus. Le jute sous toutes ses formes, jute brut, jute peigne, étoupes, nappes, rubans, mèches, tissus, articles divers manufacturés et même les déchets provenant du peignage, de la filature et du tissage, doit être déclaré aux Services techniques du Ministère du Commerce au 101 rue de Grenelle à Paris. (Décret 21 septembre 1917). Il en est de même pour les cotons, bruts, en nappes, filés (simples, retors ou cablés) ou en déchets: débourrage et cardeurs et des peigneurs, barbes de peignage et de filature, gros bouts de bans à broches et blouses. Propriétaires, dépositaires, importateurs, escompteurs de warrants ou détenteurs à divers titres, devaient déclarer les stocks supérieurs à 1000 kilos déposés en magasin, usine ou en cours d’expédition (Décret de 5 démbre, J.O. 06/12/1917).

Essence & pétrole:Sous le contrôle du gouvernement, les raffineurs importateurs fixent les prix de vente du pétrole, variables suivant les frais de transports applicables aux distances de livraison. Dans le département, malgré les frais sensiblement identiques, certains détaillants doublent le prix du litre, globalement vendu à 0,60 franc (jusqu’au 10 septembre). Pour stopper la spéculation des revendeurs jouant sur les quantités obtenues par relations commerciales et après avis du Comité consultatif de taxation des denrées le 24 août, les prix sont fixés comme suit en septembre, en octobre par l’arrêté préfectoral du 10 et en décembre à partir du 17 par un arrêté préfectoral en application des prix de l’essence et du pétrole publiés au J.O. du 16.

Dénomination Septembre Octobre Décembre
Essence ordinaire d’éclairage Fr/Litre 1,05 fr 1,10 fr 1,2 fr
Essence moteurs → caisse de 50 litre 46 fr 48,50 fr (plus emballage) 52 fr
Essence moteur → bidon de 5 litres 5 fr 5,25 fr 5,60 fr
Huile de pétrole → pétrole lampant 1 litre 0,65 fr 0,70 fr 0,75 fr

Une taxe de 2 francs à la charge du commerce frappe les essences à la sortie de la raffinerie.

Lait: Par arrêté du Ministre du Ravitaillement Général en date du 3 septembre, la consommation de lait et de la crème après neuf heures du matin dans les cafés, bars, brasseries, restaurants, maisons de thé, débits de boissons et autres établissements similaires est interdite, purs ou mélangés avec thé, cacao ou café par exemple. L’effet au 1er octobre excepte les buffets de chemin de fer.

Aide:Un don généreux de la Croix-Rouge Américaine de 62000 francs à l’adresse du département de la Haute-Garonne est réparti à hauteur de 100 francs par famille parmi les plus éprouvées. Avant le 10 décembre, le maire fournit une liste des personnes nécessiteuses alors qu’augmente le nombre de demandeurs de charbon, privés par les détenteurs de réserves acquises sans limite de prix, par ceux qui en ont les moyens. Toute déclaration à la mairie devient obligatoire au dessus de 1000 kg pour les industriels, commerçants ou particuliers sous peine de réquisition des quantités non déclarées.

Fourrage: L’imposition pour le département de 450.000 quintaux de fourrage destinés à l’armée soulève une vague de protestation. Le 1er août, 387 communes dénonçaient les quantités demandées supérieures à leurs possibilités. Nourrir les chevaux du front comme de l’arrière est estimé à 12 millions de quintaux. La récolte 1917 paraît satisfaire la demande, le chiffre étant basé sur la calcul de 3 quintaux par hectare de prairie naturelle ou artificielle sur l’ensemble de l’hexagone. Les prestataires en mesure de fournir immédiatement les quantités qui leur sont réclamées verront celles-ci réduites de 3/5 jusqu’au mois de novembre, date de la répartition définitive par les services du ravitaillement. Dans chaque exploitation est procédé à un inventaire des animaux, aux quantités de fourrage qui leur sont nécessaires tenant compte des autres ressources alimentaires locales et à l’établissement des surfaces de prairies et de leur rendement. Les récoltes des producteurs sans bétail sont considérées comme disponibles.

Déjà chargé de déterminer les besoins domestiques pour la cuisine, le chauffage, les besoins municipaux, industriels et commerciaux et d’enquêter sur divers sujets, le maire établit l’inventaire général des animaux et calcule les ressources fourragères de la commune avant de transmettre ses résultats à l’Intendance.

Le bon état de conservation du fourrage avait en mai fait l’objet d’une augmentation de prime accordée par fraction de 10 jours sur le taux de 0,15 fr. Ainsi la majoration en vertu des périodes s’élevait à:

  • 0,15 fr pour les livraisons du 1er au 10 mai
  • 0,30 fr pour les livraisons du 11 au 20 mai
  • 0,45 fr pour les livraisons du 21 au 31 mai et ainsi de suite jusqu’à la fin de la campagne agricole en cours

Vin:Réquisition à Deyme. Le 27 septembre, la 1ère Sous-Intendance militaire rappelle par courrier au maire de Deyme la réquisition du tiers de la récolte de vin de la commune. Les propriétaires sont invités à déposer à la mairie un échantillon de leur vin lors de la déclaration de récolte en vue de la réception de la Commission du Ravitaillement et du Contrôle des fraudes. Chaque flacon comportera le nom du prestataire.



1918 La France épuisée


Janvier 1918:Les besoins des usines en énergie hydroélectrique et en charbon avait entraîné en 1917 de la part de la population une réduction de la consommation du gaz et de l’électricité. Un nouvel effort de rationnement est demandé à la mi-janvier. Les commerçants sont invités à supprimer l’éclairage de leurs vitrines et étalages et les hôteliers, restaurateurs et cafetiers à fermer raisonnablement tôt pour en éviter l’emploi.

L’arrêté interministériel du 13 relatif aux graines de semences maintient l’exemption de réquisition et de taxation.

Des dispositions sont prises par la Préfecture et le Bureau permanent de l’Office Départemental des Céréales pour faire cesser la pratique des boulangers qui, contrairement aux prescriptions du 31 juillet 1917, constituent des stocks irréguliers provenant des achats directs en culture ou des cessions des producteurs sur les 3 quintaux autorisés pour leur consommation personnelle. Conserver cette quantité était subordonnée à la cuisson par leurs propres moyens (fours à pain, comme il en existait dans les fermes) et non à la remise au boulanger qui en restituait l’équivalent sorti de ses fours. Ces réserves peuvent être également réquisitionnées au prix de 43 fr le quintal. Toutefois, ces pratiques locales étant courantes, les boulangers sont autorisés, pour faciliter les transactions et l’approvisionnement des minoteries, à céder leurs blés à leur minotier habituel sous réserve des formalités appliquées depuis novembre 1917:

  • Déclaration d’achat adressée par le minotier au Bureau permanent
  • Attribution de ce blé faite par le Bureau Permanent
  • Demande de permis de circulation (Maire ou Bureau Permanent selon le cas)
  • Transmission de la facture au Bureau Permanent

Mais d’autres mesures, résultat des chiffres, imposent à la France une diminution de la consommation mensuelle de 20 %. Au stock de la fin décembre de 15.331000 quintaux, il faudrait ajouter 36.669000 quintaux pour atteindre les 52 millions de céréales panifiables à fournir à la population jusqu’à la prochaine récolte, dans sept mois. Les transports de guerre de notre flotte et de la flotte alliée rendent impossible l’importation des 5.238428 quintaux mensuels estimés. Notre Préfet, Lucien SAINT, en appelle à l’esprit de citoyenneté et au partage d’un sort commun: « Est-ce trop demander, à l’heure où nos adversaires et les neutres eux-mêmes s’imposent les plus dures privations; à l’heure où les populations des empires centraux n’ont plus u’une ration moyenne de 280 grammes d’un pain où les châtaignes, les marrons et autres substances aussi peu assimilables et nutritives tiennent une place prépondérante; à l’heure où nos alliés italiens se contentent de 250 grammes et les suédois de 195 grammes? Ferons-nous moins que nos ennemis, qui poussent le sacrifice jusu’à ses dernières limites, ou que nos alliés, qui font preuve à notre endroit d’un si touchant esprit de solidarité? »

Février 1918: Attribution des chevaux de réforme: La France comptait trois millions d’équidés au début du conflit toutes races confondues et 950.000 réquisitionnés en quatre années. Les importations portent ce chiffre à huit millions de chevaux engagés dans la guerre. 760.000 ont trouvé la mort. Les chevaux réformés sont en priorité réservés lors des ventes aux agriculteurs dans le but de reconstituer les écuries dans les campagnes. L’animal attribué doit être conservé dans un délai d’au moins 6 mois. Ne pas pouvoir le présenter présenter aux délégués de l’autorité militaire pendant cette période entraînera une majoration du prix de 25 %. Cessation d’exploitation ou animal vicieux sont parmi les motifs légitime de s’en défaire. Des mesures sont prises pour éviter les ventes indirectes favorables aux maquignons et éloignent des ventes domaniales les agriculteurs déjà pourvus de chevaux.

Sur la place du village, le 21 août à 17 heures, la Commission de classement et d’achats à l’amiable des chevaux, juments (de 4 ans et au dessus), des mulets et mules de (5 ans et plus) en réunit tous les propriétaires accompagnés de leurs animaux, y compris les chevaux réformés.

Mars 1918: Essence d’éclairage et pétrole: Des dispositions réglementent le commerce et la répartition de l’essence d’éclairage à l’échelon national (décret 20 mars, Arrêté interministériel 23 mars, J.O 29 mars). La répartition des tickets tient compte de l’urgence des besoins e des autres moyens d’éclairage de chacun. La carte d’alimentation sert à établir l’identité du demandeur, et, en cas de constatation, l’administration vérifie la déclaration initiale ou la souche de la carte. Dans chaque foyer, seule la carte d’alimentation du chef de famille ou de ménage permet la délivrance des tickets de pétrole ou d’essence. Il est même prévu aux membres de la famille qui l’accompagnent dans un déplacement ou un long un séjour dans une autre commune, de restituer toutes les cartes d’alimentation à la Mairie. La carte d’alimentation de pétrole et d’essence n’est toutefois pas généralisée à toutes les communes ou n’est pas encore en fonction. Il est possible d’en faire enregistrer la distribution au dos de la carte de sucre par l’apposition, à l’aide d’un simple tampon de caoutchouc, la mention, par exemple: « Pétrole Mars » ou « Essence mai ». Les cas particuliers tels que collèges, lycées, pensions de famille, relèvent des dispositions spéciales prises par les autorités locales.

Mars 1918: Arrêté concernant la consommation du pain: L’étude du stock de céréales jusqu’à la prochaine récolte s’avère faible. Si la quantité nécessaire n’est pas fournie et sans un secours de l’État, la pain manquera en Haute-Garonne. Quelques meuniers et minotiers ont livré sans réserve la farine qui leur était demandée, sans tenir compte des restrictions et les boulangers de même. Quand aux particuliers, le surstock a mis en péril l’équilibre des restrictions, le blé et la pain ayant servi de nourriture aux animaux. Tel est le constat dressé par la Préfecture et diffusé dans le Bulletin des communes (N° 385, arrêté du 22 mars) à l’adresse des Maires du département. Il en découle une obligation pour toute personne s’alimentant en pain (personne seule, chef de famille, chef d’établissement, d’industrie, d’entreprise, déléguée, etc…) de déclarer à la Mairie son nom, son prénom, le nombre de personnes vivant sous son toit de son lieu de résidence ou de son domicile, et l’adresse de son boulanger et ce du 28 mars au 10 avril. Un même type de déclaration est à remplir au même lieu par les détenteurs de céréales réservées à la consommation familiale. Un contrôle est exercé pour connaitre le nombre total des personnes à alimenter et celles en infraction pour s’être inscrites dans plusieurs boulangeries.

Avril 1918: Taxation du sucre: Le 1er avril, une augmentation du prix de vente en gros des sucres porte à 20 fr par quintal toutes les catégories de sucre. Les maires en sont informés par circulaire préfectorale:
« Considérant d’autre part, que par suite des difficultés croissantes des transports, les expéditions de cette marchandise du centre d’approvisionnement de Toulouse aux dépôts cantonaux et de là aux lieux de consommation deviennent très onéreuses…. Arrête… à partir du 23 avril courant, la taxe de la vente au détail des sucres est fixée ainsi qu’il suit… »

  • Sucre raffiné en boîtes (caisses/paquets/semoules diverses/déchets/gros et petits morceaux): 2,00 fr/kg
  • Sucre cristallisé ou granulé blanc de toutes origines destiné à la consommation familiale: 1,85 fr/kg
  • Sucre roux de toute origine: 1,75 fr/kg
  • Sucre vergeoises (sirop de betterave après affinage): 1,85 fr/kg
  • Pain: 2,00fr/kg

Une majoration de 0,05 fr s’applique dans les communes rurales à l’exception des communes des quatre cantons de Toulouse. Les épiciers peuvent s’approvisionner directement sans frais auprès des Magasins Généraux.

Avril 1918:

Céréales destinées à la panification Prix en Franc au quintal
Maïs et sarrasin 55 francs
Millet blanc 75 francs
Sorgho, dari, mil ou millet roux 50 francs
Fèves ou féveroles 68 francs

Mai 1918:À partir du 14, aucune quantité de viande de boeuf, veau, porc frais, mouton, chèvre supérieure à 200 grammes ne sera délivrée le mardi de chaque semaine. Les restaurants ne sont tenus à aucune règle concernant les achats de viande de boucherie mais, le mardi, ne pourront servir à chaque consommateur une ration supérieure à 100 grammes.

Juin 1918: Prix des huiles alimentaires et industrielles (Décret du 1er juin)

Dénomination Prix en francs/quintal Prix de vente détaillants ou dépositaires par des intermédiaires franc/quintal Prix de vente aux consommateurs francs/kilo
Arachide alimentaire 458fr 518fr 5,95fr
Arachide industrielle 423fr 518fr
Sésame alimentaire 430fr 487fr 5,6fr
Sésame industrielle 417fr
Table alimentaire 458fr . 5,95fr
Colza alimentaire & industrielle 550fr 619fr 7,30fr
Colza épurée pour éclairage 563fr 633fr 7,30fr
Lin alimentaire et industrielle Plata 464fr 535fr
Lin alimentaire et industrielle Bombay, Calcutta ou Maroc 483fr 535fr

Les prix au quintal s’entendent paiement comptant sans escompte, marchandise prise à l’usine, huile nue. L’emballage fourni par le vendeur ou l’acheteur est en sus ainsi que 5 centimes par flacon (bonbonne) bouché et étiqueté. Le courtage éventuel compris à la charge du vendeur est de 3,50 francs par quintal pour les huiles comestibles et d’ 1 fr par quintal pour les huiles industrielles.

La dénomination « Huile de table » dite aussi « Huile comestible » est employée lorsque la proportion d’huile d’olive ne dépasse pas 20 %.

Juin 1918: Les ramilles utilisées pour la consommation animale (Circulaire préfectorale du 4 juin):
Une étude du Ministère de l’Agriculture et du Ravitaillement démontre la valeur alimentaire de certaines ramilles « d’une richesse nutritive comparable à celle du foin« . Elles constituent une ressource importante pour les animaux victimes des réductions de fourrage et de céréales, ramassées fraîches, utilisées sèches ou ensilées. Le ramassage d’août et de septembre, fournit en feuilles et en pousses, les meilleures qualités récoltées sur le frêne, l’ormeau, l’érable, et dans le Midi sur le mûrier, l’olivier et l’acacia robinier, recherchées par les équidés. Le peuplier (sauf le peuplier noir, toxique) le saule et le tilleul sont davantage utilisés par les moutons. Déclarées de qualité médiocre, les pousses de chêne, de châtaigniers et de marronnier d’Inde nourrissent le gros bétail. L’if et le laurier réputés dangereux sont écartés de la consommation.

Composition Ramilles Foin Paille
Eau 13.00% 14.00% 14.00%
Matières azotées 11,86% 10,84% 3,96%
Matières grasses 2,68% 2,9% 1,47%
Extractifs non azotées 43,86% 39,14% 36,46%
Cellulose 23,13% 36,86% 39,65%
Cendres 5,47% 6,26% 4,46%
. 100% 100% 100%

Juin 1918: Saccharine:La ration familiale est fixée à 2 grammes par mois. La loi des finances du 29 juin (art. 38) impose la saccharine de nouveaux droits qui s’élèvent à 60%, portant ainsi l’augmentation du produit à 120 francs le kilo. La vente au détail met le gramme du bloc et du comprimé entre 0,35 et 0,50 centimes maximum. La saccharine vendue en flacon (dissolution) ou en pastilles de 5 grammes dosées à 0,025 de saccharine pure est vendue 0,55 centimes le gramme.

Juillet 1918. Nouvelle taxation du sucre:
Taxation des prix à partir du 4 juillet dans le département:

  • Sucre raffiné en boîtes (caisses/paquets/semoules diverses/déchets/gros et petits morceaux): 2,10 fr/kg
  • Sucre cristallisé ou granulé blanc de toutes origines destiné à la consommation familiale: 1,95 fr/kg
  • Sucre roux de toute origine: 1,90 fr/kg
  • Sucre vergeoises (sirop de betterave après affinage): 1,85 fr/kg
  • Pain: 2,10fr/kg

La majoration de 0,05 fr dans les communes rurales est maintenue à l’exception des communes des quatre cantons de Toulouse. Les épiciers concernés peuvent s’approvisionner sans frais auprès des Magasins Généraux.

Juillet:Taxation des pommes de terre:

A compter du 6 juillet, le prix de vente des pommes de terres ne pourra dépasser:

Varieté Prix en Franc/Quintal Prix au Kg Vente au détail
Pommes de terre primeurs 69 fr 0,75 fr
Espèces communes faites en grandes surfaces: Early, Institut de Beauvais 35 fr 0,45 fr

Une taxation des pomme de terre de toutes catégories et de toute provenance est fixé à partir du 22 juillet dans le département à 50 francs les 100 kilos à la production, 55 francs aux grossistes, 65 francs aux détaillants.

Juillet 1918: Oeuvre Départementale de Secours aux Prisonniers de Guerre de la Haute-Garonne. Fin avril, le nombre de prisonniers haut-garonnais était de 2310 et de 2332 fin juin. Chaque mois est envoyé à chacun un colis de vivre de plus de 10 francs par les soins de l’Oeuvre Départementale de secours aux Prisonniers de Guerre de la Haute-Garonne fondée en novembre 1915 et dont le siège social est situé dans les locaux de la Préfecture. Un colis contient une boîte de 400 gr de boeuf assaisonné, une boîte de 250 gr de cassoulet, un pâté de porc de 250 gr, deux grosses boîtes de sardines, dix potages aux légumes, deux tablettes de chocolat, un savon de 250 gr et 100 gr de tabac.

Juillet 1918:Taxation des viandes: Sur les foires et marchés (cheville et demi-gros) de Haute-Garonne, le prix de vente des animaux de boucherie, viande nette et de 1ère qualité, est fixé par arrêté ministériel du 3 juillet mis en application le 15 juillet et depuis mai pour le cheval: 4,10 fr le kilo de boeuf, 3,80 le kg de veau, 5,40 francs le kg de mouton, 4,50 le kg de porc et 1,90 fr le kg de cheval (à la cheville). Le saucisson de cheval est fixé à 4 fr pour la vente en gros.

Juillet-Août 1918: Décrets préfectoraux sur la fixation du prix des denrées réquisitionnées à l’usage de la fabrication du pain. Denrées prises chez le producteur. Récoltées antérieurement à 1918. Sont exemptées de réquisition les céréales destinées aux ensemencements, à la nourriture des animaux et à la consommation familiale des producteurs. Les producteurs cèdent leur récolte aux Commissions de réception (dans le cas de réception régulière et effective seulement), aux meuniers et boulangers et aux commerçants et négociants en grain patentés avant le 1er janvier 1917. Le Bureau permanent rémunère les commerçants obligés de leur céder leurs denrées. L’avoine est gérée exclusivement par le Bureau permanent, interdisant aux producteurs la vente aux consommateurs:

  • Blé froment, millet blanc …………………….75 francs
  • Orge, maïs, seigle, sarrasin, avoine…………55 francs
  • Méteil…………………………………………..62 francs
  • Sorgho, dari, mil ou millet roux………………50 francs
  • Fèves ou féveroles……………………………68 francs

Plus difficile à rationner, les animaux, habitués à des rations régulières uniquement réglée par leurs besoins, sont contraints à une nourriture conditionnée par les événements: 2,5 kg / jour pour les chevaux de gros trait et 1,5 kg pour les chevaux de trait léger.

La rémunération des commerçants pour les quantités dirigées vers le Bureau permanent sont majorées de 7 % par quintal augmentés des frais de transport sur présentation de facture et pièces justificatives. Comme pour les céréales, les haricots et pois ne peuvent circuler dans le département qu’après obtention d’un permis de circulation. Hors du département, les autorisations sont délivrées par le Sous-Secrétaire d’Etat du Ravitaillement. Une des conditions est de ne pas avoir acheté les denrées au prix supérieur à celui du décret. Sont dispensés de permis de circulation les représentants du Sous-Secrétaire d’Etat du Ravitaillement (chefs des services des Bureaux permanents des céréales, régisseurs du ravitaillement et gestionnaires des magasins généraux), lorsqu’il s’agit du ravitaillement de l’armée et de la population civile.

Les céréales et déchets non panifiables ne peuvent être mis en vente qu’à des prix inférieurs aux prix de rétrocession aux meuniers fixés par l’article 9 du décret du 22 juillet:

  • Blé froment, maïs…………………………………43 fr/quintal
  • Méteil………………………………………………42,50 fr/quintal
  • Seigle………………………………………………42 fr/quintal
  • Millet blanc, millet roux, fèves, fèverolle……….40,30 fr/quintal
  • Dari…………………………………………………39,05 fr/quintal
  • Sorgho……………………………………………..32,05 fr/quintal

Ces denrées impropres à la mouture portent une étiquette indiquant clairement leur nature. Les agents de mairie perçoivent une rémunération de 0,25 par permis de circulation délivré au delà du quintal. Un permis de circulation est toutefois obligatoire pour les quantités de moins d’un quintal. Sans permis de circulation, les denrées sont frappées d’une réduction à la vente de 15 francs par quintal.

Le prix du quintal de farine ou des succédanés est fixé à 50 francs le quintal pris au moulin.

Le prix des farines coupées ou des succédanés est ramené à 40 francs par quintal lorsqu’elles ne sont pas extraites aux taux suivants:

Céréales Taux
Maïs / Fèves ou Féveroles / Millet blanc / Millet roux 80 %
Méteil / Dari 75 %
Seigle 70 %
Sarrasin 67%
Orge 65%
Sorgho 47%

Vendus ou réquisitionnés, les sons de blé, méteil, seigle, orge et maïs ne peuvent être vendus à des prix supérieurs à:

  • 40 francs le quintal, net et nu, vendu en gros ou en détail et pris au moulin
  • 46 francs le quintal, net et nu, vendu à la consommation et rendu chez le client

Les moutures des autres céréales et des fèves et féveroles sont également plafonnées:

  • 25 francs le quintal, net et nu, vendu en gros ou en détail et pris au moulin
  • 31 francs le quintal, net et nu, vendu à la consommation et rendu chez le client

Toutes les céréales panifiables énumérées, plus fèves féveroles et avoine, sont frappées de réquisition dans le département de la Haute-Garonne pour le compte de l’État.

Septembre 1918: Prix du sucre à partir du 30/09/1918:

  • Sucre raffiné en boîtes (caisses/paquets/semoules diverses/déchets/gros et petits morceaux): 2,15 fr/kg
  • Pain: 2,15fr/kg

Les prix de vente au détail des autres catégories sont maintenus tels que fixés par l’article 1er de l’arrêté préfectoral du 4 juillet dernier:

  • Sucre cristallisé ou granulé blanc de toutes origines destiné à la consommation familiale: 1,95 fr/kg
  • Sucre roux de toute origine: 1,90 fr/kg
  • Sucre vergeoises (sirop de betterave après affinage): 1,85 fr/kg

Maintenue la majoration de 0,05 fr dans les communes rurales à l’exception des communes des quatre cantons de Toulouse et dont es épiciers concernés peuvent s’approvisionner sans frais auprès des Magasins Généraux.

Septembre: Conditions de cessions des semences de céréales:

Mises à la disposition par les Services du Sous-secrétariat d’État du Ravitaillement et par le Commissariat à l’Agriculture, un stock de semences des principales céréales est cédé aux agriculteurs pour les emblavures d’automne en quantités « strictement limitées aux besoins des surfaces ». Une option de remboursement en nature d’une quantité équivalente après récolte est offerte aux agriculteurs en difficulté. Dans le cas de cession remboursable en argent, l’Administration propose des semences de blés d’automne de « Variétés pures, bien nettoyées et exemptes de graines, saines et de bonne germination » au prix de variables de 75 à 85 francs le quintal (marchandise sur wagon, toiles à rendre). Les avoines d’hiver, les orges d’hiver et les seigles sont proposés entre 55 et 65 francs.

Octobre 1918: Changement de l’heure légale: Le 5 octobre compense par une journée de 25 heures la journée du 8 mars dont l’heure avancée la réduisait à 23 heures. Le retour à l’ancienne heure s’effectue dans la nuit du 5 au 6 octobre où toutes les horloges publiques sont retardées d’une heure et une minute. Après 24 heures 59 minutes toutes les horloges sont remises sur 0 heures (Minuit).

Octobre 1918: Viande de porc et de veau: l’Article premier du premier chapitre de l’arrêté préfectoral du 7 octobre, en application du décret du 1er octobre réglementant l’abattage et la consommation de la viande de porc stipule: « La vente de viande de porc fraîche, congelée, salée, fumée, préparée ou en conserve, y compris les abats, la charcuterie et la triperie sous toutes leurs formes décret du 1er octobre, sont interdites les mercredi, jeudi et vendredi de chaque semaine.»
Sont également interdits à l’article suivant, la consommation des plats contenant cette viande dans les établissements ouverts au publics (hôtels, pensions, restaurants, cercles, auberges, cafés-restaurant…). Les interdits énumérés aux articles 6 et 7 s’appliquent aux boîtes en fer blanc contenant partiellement et totalement cette viande et aux salaisons . Seuls les produits qui ne peuvent être que mis en conserve sont tolérés. Les salaisons autorisées sont les saucissons secs dit de ménage, les jambonneaux (fumés et non fumés), l’échine, la palette et les lards (gras, maigres salés ou non salés).

L’abattage des porcs dans les abattoirs est interdite du lundi 23 heures au jeudi 6 heures du matin et les quantités abattues dans l’ensemble des abattoirs ou tueries locales, ne doivent pas excéder 50 % du mois correspondant de l’année 1917. Les abattages d’urgence des animaux malades ou accidentés ne sont pas concernés par ces mesures qui font l’objet d’un accord du maire sur certificat d’un vétérinaire, municipal ou agrée par la municipalité.

En Haute-Garonne, sur les foires et marchés, le prix de vente maximum de la viande de porc de 1ère qualité poids vif est fixé à 4,60 fr le kilo et à 6,50 fr à la cheville. Le prix de vente ne peut dépasser 4,80 fr le kilo de viande nette de 1ère qualité, animal entier avec rognons et toiles. Pour les communes ayant coutume de vendre le veau sur pied, le prix est de 2,78 fr le kg et celui de la cheville de 4,80 fr.

Novembre 1918:

Par arrêté préfectoral, l’application de l’arrêté du 18 octobre 1917 relatif aux restrictions de l’éclairage est suspendue dans tout le département le 19 novembre. Sont concernés l’éclairage public et l’éclairage privé.

Les besoins en légume secs des régions libérées d’Alsace-Lorraine et du Nord, nécessitent de réaliser des stocks importants auxquels sont associés les commerçants et négociants en grains de la Haute-Garonne.
Chez les producteurs, Les prix sont fixés par le décret du 3 décembre:

Légumes secs Prix en Franc/100Kg
Haricots supérieurs / Flageolets verts / Chevriers 100 fr
Rognons de coq / Plats extra / Flageolets blancs / Suisses blonds 170 fr
Haricots nains / Brezins / Gros-pied / Plats nature / Cocos blancs / Petits plats / Haricots de couleur (sauf rognons de coq et suisses blonds) 160 fr
Pois 160 fr

Décembre 1918: Taxation des viandes:

Un arrêté ministériel fixe le 24 décembre les prix limite des viandes de boucherie. L’application se fera en Haute-Garonne à partir du 18 janvier 1919 (Arrêté du Préfet J. GIRAUD, approuvé par le Ministre du Ravitaillement le 20 janvier).

Animaux achetés en foire → Viande vendue poids vif Qualité Supérieure 1ère 2ème 3ème
Espèce Bovine
Boeufs et taureaux tous âges / Vaches moins de 4 ans 2,3 2,1 1,7 1,35
Vaches de plus de 4 ans 2,1 1,9 1,55 1,25
Veaux 3 2,6 1,55 1,25
Espèce Porcine
Porcs de plus de 120 kg 4,8 4,8 4,8
Porcs de 80 à 120 kg 4,5 4,5 4,5
Porcs de moins de 80 kg 4,1 4,1 4,1
Truies et verrats 4,2 4,2 4,2
Espèce Ovine
Agneaux et Moutons 3 2,7 2 1,6
Brebis 2,7 2,4 1,9 1,4
Viande à la cheville (gros et demi-gros)
Boeufs de tous âges / Vaches moins de 4 ans 4,3 3,7 3,1
Vaches de plus de 4 ans 4,1 3,6 3
Veaux 5,3 3,6 3
Agneaux et Moutons 6,25 5,2 3,85
Brebis 6,2 4,9 3,5
Porcs 6,7 4,9 3,5

Le prix de la viande au détail est fixé dans chaque commune par arrêté du maire.

Production céréalière par années pendant la Première Guerre Mondiale

Céréales 1915 1916 1917 1918
Blé 1140 hectolitres 2035 hectolitres 1916 hectolitres 2385 hectolitres
Avoine 223 hectolitres 426 hectolitres 344 hectolitres 693 hectolitres
Orge 7 hectolitres 61 hectolitres 140 hectolitres 130 hectolitres


Sources: Bulletin des communes, Archives municipales


Questionnaire adressé à la commune 1er février 1915

  • Gestion des blés et farines – Circulaire n°3 adressée aux maires 31 mai 1915
  • Circulaire 10 mars 1915 adressée au Président du Syndicat agricole
  • Bulletin des communes 15 octobre 1915
  • Bulletin des communes 1917-1918: 269 (Prélèvement de bétail, Conservation des fourrages. Mai 1917) – 275 (Fabrication et commerce de la farine. Fabrication et taxe du pain. Taxe de la farine. Mai 1917) – 277 (Tueries particulières. Mai 1917) – 282 (Emploi des céréales et de la farine) – 284 (Distribution de sucre pour confitures. Juin 1917) – 285 (Cantonniers affectés aux travaux agrico Juin 1917) – 293 (Fenaison, main-d’oeuvre. Juin 1917) – 294 (Instructions générales pour les battages des céréales. Juin 1917) – 297 (Mécontentement pain noir. Juillet 1917) – 298 (Taxation du sucre. Juillet 1917) – 304 (Prêts de chevaux de l’armée. Juillet 1917) – 309 (Réquisition des fourrages) – 311 (Taxe des essences et huiles de pétrole. ) – 312 (Sucrage de la vendange. 1918) – 319 (Taxation de la farine et du pain. Août et septembre 1917) – 321 (Interdiction de la consommation de lait dans les bars. Septembre 1917) – 324 (Utilisation des mobilisés détachés à la terre des sursitaires et équipes agricoles. Octobre 1917) – 325 (Déclaration du jute. Octobre 1917) – 326 (Taxation des pâtes alimentaires. Septembre 1917) – 327 (Législation sur les céréales. Commerce des grains. Septembre 1917) – 328 (Nouveau rationnement du sucre. Octobre 1917) – 334 (Réglementation de l’éclairage public. Octobre 1917) – 341 (Taxation des pommes de terre et des haricots. Novembre 1917) – 344 (Destruction des animaux nuisibles, Novembre 1917) – 347 (Recensement des chevaux de luxe, Novembre 1917) – 349 (Don de la Croix-Rouge américaine. Novembre 1917) – 350 (Aide au labourage des terres. Décembre 1917) – 354 (Déclaration des cotons. Décembre 1917) – 356 (Taxation des pommes de terre er des haricots. Décembre 1917) – 357 (Prix des essences et huile de pétrole en Haute-Garonne. Décembre 1917) – 360 (Utilisation des mobilisés attachés à la terre. Rappel du n° 324. Décembre 1917) – 362 (Consommation de sucre. Réduction des parts. Janvier 1918) – 363 (Réquisition des céréales. Meunerie, boulangerie… Décembre 1917) – 365 (Chiffres des besoins en céréales. Janvier 1918) – 367 (Déléguées Croix-Rouge Américaine) – 370 (Circulation des tubercules et graines de semence. Janvier 1918) – 373 (Stocks de blés détenus irrégulièrement. Février 1918) – 375 (Attribution des chevaux de réforme) – 385 (Arrêté préfectoral consommation du pain. Mars 1918) – 387 (Consommation domestique du Pétrole et de l’essence d’éclairage) – 391 (Taxation du sucre, vente au détail. Avril 1918) – 396 (Comité Central des Oeuvres de Guerre. Envoi aux prisonniers. Mai 1918) – 401 (Interdiction de mise en vente de certaines viandes. Mai 1918) – 403 (Mise en culture des terres délaissées. Mai 1918) – 407 (Jours d’interdiction achat viande. Mai 1918) – 408 (Salaire des mobilisés affectés à la terre) – 412 (Notice sur les ramilles. Juin 1918) – 413 (Bouchers « forains ») – 414 (Prix de vente des huiles alimentaires. Juin 1918) – 418 (Prix de vente des pommes de terre primeurs. Juin 1818) – 427 (Saccharine. Juillet 1918) – 428 (Fête Nationale Etats-Unis) – 432 (Prix du boeuf sur pied. Prix de vente de la viande cheville et gros. Juillet 1918 ) – 433 (Prix de vente des pommes de terre. Juillet 1918) – 437 (Prix de vente de la viande chevaline. Juillet 1918) – 439 (Saccharine) – 442 (Destruction des sangliers) – 444 (Attribution sucre vendanges) – 453 (Réalisation et utilisation des céréales. Août 1918) – 458 (Cession des semences, Septembre 1918) – 460 (Prix du sucre) – 461 (Changement d’heure. Septembre 1818) – 465 (Contrôle des tickets de pain. Octobre 1918) – 471 (Viande porcine, abattage… Octobre 1918) – 482 (Restriction de l’éclairage) – 487 (Prix des légumes secs. Besoins urgents haricots. Décembre 1918) – 489 (Fraude des vins. Décembre 1918) – 494 (Taxation des viandes de boucherie et de charcuterie. Janvier 1919) – 504 (Prix du pain. Avril 1919) – 511 (Abrogation décret… Pâtisseries, farines, biscuiterie. Mars 1919) – 554 (Relèvement du prix du pain. Février 1920) – 562 (Prix des céréales. Mars 1920) – B.4 (Permissions agricoles) – B.10 (Nouveau régime des céréales et des farines. Août 1920)
  • Circulaire adressée aux maires du canton 14 avril 1917
  • Taxation et déclaration des céréales – Circulaire préfectorale – 10 août 1917
  • Taxe de la farine et du pain – Circulaire préfectorale – 12 août 1917
  • Détail des surfaces ensemencées en céréales et plantées en pommes de terre. Deyme 1er janvier 1918
  • Détail des surfaces ensemencées en céréales – 1er janvier 1919
  • Tableau récapitulatif communal – Recensement du bétail
  • Circulaire adressée au maire du canton 14 avril 1917
  • Récolte de céréales 1918
  • Répartition des terres en 1885: Monographie de l’instituteur PONS

Autres sources

  • La carte individuelle d’alimentationhttp://www.onnepassepas.fr
  • Jean ODOL – La guerre de 1914 et ses conséquences en Lauragais in Couleurs Lauragais n°36 – Octobre 2001 (Consulté le 15/02/2015)
  • Conversion en francs/euros constants – http://www.leparticulier.fr (Consulté le 15/02/2015)
  • La saga des Bourrounet, quatre générations de boulangers en Lauragais in Couleurs Lauragais n°86 - Interview d’Hubert Roques– Octobre 2006 (Consulté le 15/02/2015)